Le monde de la science prévient que les effets liés aux changements climatiques vont s’accélérer dans les prochaines années. Une nouvelle étude tire la sonnette d’alarme. En l’absence d’une politique de réduction drastique des émissions de CO2, jusqu’à 75 % des habitants de la planète pourraient être victimes de vagues de chaleur meurtrières à l’horizon 2100.
A la manière d’un feu de forêt qui gagne du terrain, le changement climatique favorise la propagation de la chaleur intense. Selon une étude récente, en 20 jours par an voire plus, 30 % de la population mondiale est à l’heure actuelle exposée à des vagues de chaleur potentiellement meurtrières.
Il faut noter qu’en l’absence d’importantes réductions des émissions de gaz à effet de serre, tels que le CO2, les populations de la planète terre courront de gros risques à l’horizon 2100. D’après l’analyse publiée dans Nature Climate Change, une personne sur deux est susceptible d’être exposée à des vagues de chaleur meurtrières pendant au moins 20 jours par an à la fin du siècle, même si des réductions adviennent.
Au Mali, la chaleur intense a entraîné un nombre alarmant de décès. Selon Diango Mahamane Djibo, chef du département de médecine d’urgence à l’hôpital Gabriel Touré de Bamako, 120 décès ont été enregistrés en moins d’une semaine.
Durant une période de quatre jours seulement, 102 décès ont été rapportés, avec une augmentation significative des admissions aux urgences, dépassant la moyenne habituelle de 70 patients par jour pour atteindre plus de 100.
Il faut souligner que plus de la moitié de ces décès concernent des personnes âgées de plus de 60 ans, souvent déjà fragilisées par des maladies préexistantes telles que le diabète et l’hypertension artérielle, conditions que vient aggraver la canicule, sans oublier la vulnérabilité des nourrissons face à la chaleur extrême en raison de leur faible réserve d’eau corporelle souligné par Diango Mahamane Djibo, recommandant ainsi des mesures préventives telles que le maintien à l’ombre et une hydratation régulière.
« Les vagues de chaleur meurtrières sont un phénomène très fréquent. Le fait que notre société ne s’inquiète pas davantage des dangers que cela implique m’échappe », déclare Camilo Mora, professeur à l’université de Hawaï à Manoa et principal auteur de l’étude.
Selon lui, « La canicule qui a frappé l’Europe en 2003 a causé la mort d’environ 70.000 personnes, soit plus de 20 fois le nombre de personnes tuées dans les attentats du 11 septembre. »
Somme toute, les canicules dangereuses sont bien plus fréquentes qu’on ne le pense et tuent à travers plus de 60 régions du globe chaque année. Au nombre de celles-ci, on pense notamment à la canicule de Moscou en 2010 qui a causé la mort d’au moins 10 000 personnes et celle de Chicago en 1995, au cours de laquelle 700 personnes sont décédées du fait des températures élevées.
Il est évident que les vagues de chaleur ont fait beaucoup d’autres victimes plus récemment au Bénin et cela devrait préoccuper les autorités à divers niveaux. A Cotonou, il fait plus de 34°C, à Parakou, plus de 38°C. Une situation difficile, qui impacte négativement la campagne agricole. De quoi causer aussi la cherté des denrées alimentaires sur le marché final.
Les artisans ont également été confrontés à des difficultés accrues dans l’exercice de leur métier. Non seulement cela affecte leur productivité ainsi que le délai d’exécution des travaux, mais certainement entraîne des problèmes de santé.
Au cours des deux dernières semaines, des dizaines de personnes ont succombé à la canicule actuelle qui sévit en Inde et au Pakistan, avec des températures atteignant un record de 53,5°C. Aux Etats-Unis, d’autres décès liés à la chaleur ont déjà été constatés cet été.
Bertin Djitrinou