Dans un récent rapport sur les perspectives économiques du Bénin, la Banque Mondiale met en lumière les enjeux liés aux infrastructures de transports et à l’urbanisation croissante. Entre 2009 et 2021, la croissance démographique et l’urbanisation ont principalement stimulé le potentiel économique des régions côtières, notamment autour de Cotonou. Toutefois, les trois quarts du pays, majoritairement ruraux et abritant encore la moitié de la population, restent en marge, exacerbant ainsi les disparités spatiales.

Les distances et les coûts de transport restent élevés en dehors de la bande sud méridionale où se situent Cotonou et Porto Novo, accentuant davantage ces disparités. Par exemple, pour parcourir les 700 km séparant Cotonou de Malanville, à la frontière avec le Niger, il faut plus de 12 heures de route. Ces disparités en matière d’infrastructures de transport créent d’importants écarts économiques entre les régions avancées et celles en retard, posant un défi majeur pour l’intégration économique des régions éloignées du littoral.

L’agriculture représente plus de 25% du PIB, soulignant l’importance de connecter les zones rurales aux centres urbains pour favoriser la croissance économique. Cependant, les coûts élevés des transports intérieurs et le manque de services adéquats représentent un obstacle pour ces régions, limitant ainsi leur potentiel de diversification économique. En parallèle, les services sont devenus le principal secteur employeur, entraînant une concentration croissante d’activités économiques dans le sud, où l’accès à l’éducation, aux services de base et au bien-être est plus élevé.

Le Bénin fait face à des obstacles pour garantir la sécurité alimentaire et valoriser les produits agricoles tels que le manioc, le maïs et l’igname, essentiels pour la population rurale, surtout face à l’inflation des denrées alimentaires importées. Le mauvais état des routes rurales, notamment dans le nord du pays, entrave le transport de ces produits vers les centres de distribution du sud et les marchés étrangers, en particulier pendant la saison des pluies. Le manque d’entrepôts et de marchés adaptés constitue un autre défi majeur pour la commercialisation des récoltes, affectant le pouvoir de négociation des agriculteurs lorsque l’offre est abondante.

L’accès aux services d’éducation et de santé dépend également de l’état des routes dans la région. Plus de 50% des femmes les plus pauvres âgées de 15 à 49 ans signalent que la difficulté d’accès aux centres de santé constitue un obstacle pour recevoir les traitements nécessaires. Le temps moyen pour atteindre un centre de santé peut atteindre jusqu’à 7 heures dans certaines régions, notamment à Malanville selon Country Economic Memorandum, 2022.

Pour surmonter ces défis, des investissements ciblés dans les infrastructures de transports et l’amélioration de la connectivité rurale seront essentiels pour favoriser le développement équilibré du Bénin.

Christelle Togonou