Multiples sont les difficultés que vivent les béninois dès lors qu’un bouleversement ou une crise intervient au Nigéria. Ce géant de l’Afrique de l’ouest avec qui le Bénin partage une frontière terrestre de 698 kilomètres, compte aujourd’hui une population de près de 200 millions d’habitants. Une position géographique que nombreux de pays d’Afrique convoitent.

Cependant, tout laisse à croire que le Bénin ne profite pas encore suffisamment de cette relation de voisinage avec le Nigéria. Si non, comment comprendre et pourquoi est-ce que dès lors qu’une décision est prise par les autorités nigérianes, cela impacte l’économie nationale béninoise ?

La pénurie de carburant, le délestage, le ralentissement des échanges commerciaux pour ne citer que ceux-là, sont en réalité quelques-unes des difficultés que vivent les béninois par rapport au choc que provoque souvent certaines décisions prises au Nigéria. Une situation qui donne raison à certains qui pensent que quand le Nigéria s’enrhume, le Bénin tousse et devient très malade.

Comment le Bénin peut-il tirer profit de sa proximité avec ce pays ? Quelle analyse peut-on faire de cette situation ? C’est pour répondre à cette préoccupation que Wilfried Ahouassou a reçu, dans l’émission ‘’Décryptage’’ du vendredi 02 juin 2023 sur CAPP FM, Nestor AVONOMADEGBE, analyste politique et Président de l’ONG Forces Engagées pour le Développement de la Paix en Afrique.

Selon l’invité, le désordre ne peut pas durer longtemps. Car, c’est dans l’ordre normal des choses qu’à l’arrivée d’un nouveau chef d’Etat au pouvoir, il faille asseoir les bonnes bases diplomatiques pour mettre fin à certaines pratiques malsaines afin d’engendrer l’économie.

Il estime que les relations avec le Nigéria ne peuvent pas se résumer à la contrebande. Il est donc souhaitable d’envisager des solutions pour finir avec des pratiques très nuisibles à l’économie béninoise qui se repose essentiellement sur la fiscalité. Ainsi, la lutte acharnée menée contre la contrebande, qui constitue un maillon important des pratiques malsaines qui nuisent à l’économies nationale, devrait s’intensifier pour une rentabilité accrue de échanges commerciaux et surtout pour l’assurance d’une économie fiable entre les deux pays. Alors que l’Etat a besoin de ressources pour financer ses projets, l’essence de la contrebande introduite frauduleusement sur le territoire béninois sans le paiement des droits et taxes douanières, ne profite qu’à ceux qui opèrent dans l’informel et n’apporte rien à l’Etat béninois va-t-il fait observer.

Nestor AVONOMADEGBE ne conçoit pas normal que l’essence à la pompe soit vendue à 605 FCFA et que celle de la contrebande soit cédée à 800 F CFA et même plus dans certaines localités du pays. Cette indiscipline organisée par la contrebande devrait converger tous les béninois aux stations-service dira t-il. Car, en dehors de l’aspect économique, il faut noter que les dangers occasionnés au quotidien par l’essence de la contrebande sont énormes. C’est une pratique qui pose aussi un véritable problèmes d’insécurité, parce qu’il s’agit avant tout d’un produit qui ne peut être manipuler par n’importe qui ou transporté n’importe comment.
A cela s’ajoute l’injonction du gouvernement demandant à ces personnes opérant dans l’informel d’introduire un agrément auprès de l’administration pour ne serait-ce que pour avoir une autorisation qui n’a pas prospéré. Pour l’analyste politique Nestor AVONOMADEGBE, ça sera une bonne chose si le Nigéria peut maintenir le cap. A quelque chose malheur est bon dirait-on. Car, si les populations avaient conscience de certaines réalités, elles ne devraient pas crier et pleurer pour l’essence de la contrebande vendue à plus de 800 F CFA le litre.

Mais, il se pose un problème de la disponibilité du produit et surtout des atouts de proximité du Bénin par rapport au Nigéria dont on ne profite pas assez. Si non, Comment comprendre que l’essence soit produite au Nigéria à côté et que le Bénin ne puisse pas profiter de ses atouts de proximité, mais préfère importer l’essence d’ailleurs et même plus chère ? Et Quelle est la politique menée aujourd’hui face à cette situation pour que les populations ne manquent pas du carburant dans les stations-service ?
Si le Nigéria devrait maintenir le cap, il urge alors que les autorités béninoises prennent des dispositions idoines pour rendre ce produit disponible dans toutes les stations-service et en créer d’autres sur toute l’étendue du territoire national.

« Pourquoi les autorités béninoises ne peuvent-ils pas développer de bonnes relations de voisinage avec le Nigéria ? Et Pourquoi faudrait-il aller acheter le carburant en Algérie pendant que le même produit est disponible chez le voisin Nigérian à côté ? » s’interroge le professeur Zacharie EGOUNLETY. Intervenant dans l’émission et allant dans le même sens que l’invité Nestor AVONOMADEGBE, il trouve anormal que tout le monde cri dans le pays et déplore le fait que les béninois ne puissent développer que des rapports de contrebande avec le grand Nigéria.
Le professeur Zacharie EGOUNLETY estime qu’il est grand temps que les autorités béninoises repensent aux contrat d’importation du carburant avec l’extérieur. Il ira encore plus loin en suggérant au gouvernement béninois d’envisager la création d’un cabinet ministériel qui sera spécialement chargé des affaires extérieures avec le Nigéria.

L’invité de l’émission recommande à l’Etat béninois de signer un contrat avec le richissime nigérian Aliko DANGOTE qui vient de procéder à l’inauguration de la plus grande raffinerie du Nigéria, pour que le carburant revienne à un prix raisonnable au Bénin. Prônant l’intérêt général, même si ça fait du bien à certains, il suggère qu’on mette fin à la vente de l’essence de la contrebande. L’agriculture, l’élevage ou la pêche, sont aussi des secteurs pourvoyeur d’emplois, qui pourraient permettre à tous ceux qui opéraient dans ce commerce illicite de se réorienter vers d’autres activités génératrices de revenus, pour une reconversion sans douleur.

Bertin Djitrinou