Les démentis formels à cette affirmation ont été faits par la police républicaine et la direction de communication de la Présidence du Bénin.
Une vidéo, publiée le 23 mai 2024 sur Facebook, montre des barricades scellées par une chaîne et un cadenas, un bus de transport en commun en arrêt, mais également une foule de personnes qui discutent à tue – tête devant la barrière fermée.
Toutes les personnes visibles dans la vidéo parlent le Zarma, un dialecte utilisé au Nord Bénin et, voilà la légende qui accompagne cet élément audio – visuel: ‘’Bénin : La police Républicaine est en train de fermer les gares des compagnies de Transport Nigériennes à Malanville. Les bus en provenance de Cotonou, Lomé, Accra, Ouaga sont bloqués à Guéné’’.
La police républicaine a-t-elle réellement mis sous scellées, les gares des compagnies de transport vers le Niger ?
La recherche Google avec des mots clés, ‘’compagnie de transport’’, ‘’Bénin Niger’’, a mené vers un article publié dans le site de Fraternité fm, une radio de la ville de Parakou, dont le reporter a parcouru les gares de certaines compagnies de transports. Les échanges avec certains responsables des agences ont entre autres renseigné que “la fermeture des frontières terrestres avait déjà ralenti fortement les activités au niveau des gares routières de la région…”.
Interrogé sur cette question, Bastou Assouma, syndicaliste et responsable de compagnie, a notamment laissé entendre que “La situation a complètement dégradée quand le Bénin a interdit le transport fluvial qui permettait de contourner la frontière terrestre…. Si la voie ne passe pas au niveau des frontières et que le transport fluvial est encore bloqué, les bus ne peuvent pas embarquer les clients”.
Iddy Abdou, autre responsable de syndicat, a expliqué que : “les clients, informés de la situation du transport fluvial interdit par le Bénin à Malanville, n’ont plus voulu embarquer”.
La recherche d’images inversées avec Google Lens n’a rien donné, mais Worou Tchehou de Sota FM, une radio de Malanville, au nord du Bénin, nous a confirmé que la scène s’est produite au niveau de la gare routière de cette localité. Il nous a par ailleurs dit que “ce sont les travailleurs de ladite gare qui ont fermé les portes”. “Cette fermeture n’a rien à voir avec la police ou une quelconque interdiction émanant de la police républicaine”, ajoute-t-il.
Dans les gares de la ville de Cotonou que nous avons visitées, les agences ne sont certes pas fermées; cependant, les bus sont stationnés et les clients retournent désespérément chez eux. Quelques chauffeurs nous ont confié que la situation ne permet pas d’embarquer de Cotonou, s’il faut être bloqué à Malanville – nord du Bénin.
Au niveau du Conseil Nigérien des utilisateurs du transport public (CNUT), les responsables nous ont confié qu’ils n’ont reçu “aucune notification de refus d’embarquement des bus de Cotonou vers le Niger et vice versa”. Ils font avec nous le constat que les compagnies sont certes ouvertes, mais on note peu de mouvements.
Serge Nonvignon, membre de la direction de communication de la Présidence du Bénin, ne reconnaît pas une telle décision: “Aucune décision de ce genre n’a été prise par le gouvernement”.
La même démarche a été entreprise auprès de la direction de la Police républicaine et, le porte-parole de l’institution, l’Inspecteur Général de la Police Eric Sabi Orou Yerima, a fait cette déclaration : “Je n’ai connaissance d’aucune opération de fermeture de gares routières de bus ou gros porteurs, en direction du Niger. La Police républicaine n’a conduit aucune opération de fermeture de gares de compagnies de transport dans aucune région du Bénin et aucune interdiction de circulation n’a été adressée ni aux compagnies ni aux syndicats”.
Et pourquoi l’arrêt des transports?
Nous pouvons noter que suite à la suspension du transport fluvial sur le fleuve Niger par le Bénin, et la fermeture des frontières terrestres entre le Bénin et le Niger, côté Niger, la circulation des personnes et des biens est devenue impossible des deux côtés.
Et qu’est ce qui peut justifier une pareille manipulation de l’opinion ?
La situation diplomatique entre le Bénin et le Niger est tendue, depuis le coup d’État du 26 Juillet 2023, qui avait renversé Mohamed Bazoum. Le Bénin avait mis en exécution les sanctions de la CEDEAO, en fermant ses frontières avec le Niger. Même si elles ont à nouveau été ouvertes de ce côté, le Niger a gardé les siennes fermées. Une situation qui met à mal les activités économiques entre les deux pays.
Conclusion
Le service Capp check de la radio Capp fm a vérifié un post Facebook accompagné d’une vidéo prétendant montrer la fermeture des gares routières des bus et gros porteurs à destination du Niger, et l’a trouvé FAUX.
Cette vérification des faits est rédigée par Prosper Vondjehounko de Capp fm, dans le cadre du programme projet GEC Disinfo, avec le soutien de Code for Africa, à travers son initiative de vérification des faits, PesaCheck et l’Alliance africaine de fact-checking (AFCA).