Comment l’état béninois à travers ces différents démembrements, pourra répondre à une catastrophe naturelle extrême qui pourrait survenir dans notre pays ? C’est la question que se pose depuis plusieurs mois la rédaction de Capp Fm. Des demandes d’interviews multiples auprès de plusieurs ministères et directions sectorielles ont été déposées. Après plus de six mois d’investigations, nous rendons enfin notre conclusion.

Omerta sur l’information…
Considérant la gravité des enjeux liés aux catastrophes naturelles, seules quelques structures ont répondu favorablement à nos demandes d’interviews. Parmi celles qui ont opposé un refus, on peut citer certains acteurs essentiels tels que la Police Républicaine et le CNHU HKM. Ces entités, pourtant jugées indispensables dans la gestion de phénomènes catastrophiques, ont fait preuve d’un désintérêt flagrant en renvoyant systématiquement nos journalistes vers l’Agence Nationale de Protection Civile (ANPC).
Cette redirection généralisée vers l’ANPC soulève des interrogations sérieuses quant à la transparence et à la clarté des réponses fournies. Est-ce un signe de centralisation excessive ou une tentative de dissimulation des mesures prises pour agir en cas de catastrophes naturelles ? La question reste posée.

Présentation des faits…
Alors que les prévisions scientifiques nous alertent sur l’accélération des phénomènes liés aux changements climatiques dans les années à venir, il est impératif de se préparer à faire face à des situations d’urgence, notamment en ce qui concerne les catastrophes naturelles extrêmes. Les effets du réchauffement climatique, tels que la montée du niveau des océans et la fonte des glaciers, sont déjà perceptibles et menacent directement des villes côtières de la sous-région ouest-africaine, dont Cotonou, située dans le Golfe de Guinée.
Dans une étude en Juillet 2023, le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’évolution du Climat (GIEC) prévient qu’une catastrophe naturelle majeur pourrait survenir au Bénin à l’horizon 2030. L’Agence Nationale de Protection Civile (ANPC), le Ministère des Affaires Sociales, la Mairie de Cotonou, le Groupement National des Sapeurs-Pompiers, ainsi que des experts en études climatiques, environnementales et océanographique, admettent avoir connaissance de cette information du GIEC. D’après l’ensemble de ces structures, des plans de réponse existent sauf que c’est l’ANPC qui coordonne tout et tous en donnant les directives.
Cependant, l’ANPC qui est l’organe principal chargé de coordonner les interventions en cas de catastrophes naturelles au Bénin, nous apprend que « (…) depuis 2016, il y a beaucoup de programmes, à savoir le PAPC, le Projet WACA BENIN, qui sont initiés pour réduire la vulnérabilité des communautés à risque d’inondation au niveau côtière. A côté de cela, nous avons le plan de contingence national qui est déployer en cas de catastrophe naturelle qui nous permet de savoir comment orienter les directives », a fait savoir le chef antenne sud à l’ANPC, Paul KASSINHIN.

Pris au vif et sans réponse concrète…
Nous sommes allés plus loin en décrivant clairement un scénario : « Les cotonois qui vaquent à leurs occupations quotidiennes normalement, et soudainement l’océan atlantique qui déborde et envahi très vite la ville. Comment les autorités au niveau sectorielle réagissent » ? Dans de telles situations vraiment extrêmes, où toutes les activités sont bloqués en deux temps trois mouvements et les populations sont confronté à un dilemme, qu’est-ce qu’il y a lieu de faire ?

Quand il reste à faire…
Le manque de moyens financiers et technologiques, ainsi que l’absence de plans d’urgence complets et de structures adaptées pour faire face à des événements de grande ampleur, sont autant de facteurs qui entravent la réponse efficace du Bénin aux catastrophes naturelles.
En ce qui concerne la prise en charge des victimes, le dispositif actuel est insuffisant. Non seulement la réponse d’urgence manque de ressources et de coordination, mais la prise en charge psychosociale des victimes, leur réinsertion et leur relogement sont également des domaines où le pays doit améliorer ses capacités.
Face à cette réalité, il est urgent que le Bénin renforce ses capacités de gestion des catastrophes naturelles. Cela implique non seulement d’investir dans des infrastructures de prévention et de réponse, mais aussi de développer des plans d’urgence complets et de former davantage de personnel spécialisé dans la gestion des crises.
Il est également essentiel d’impliquer la communauté internationale et les organisations régionales dans cet effort, en tirant parti de leur expertise et de leurs ressources pour renforcer les capacités du Bénin en matière de gestion des catastrophes naturelles.

En conclusion, bien que conscient des risques imminents liés aux catastrophes naturelles, le Bénin doit encore faire face à des défis importants pour mettre en place un mécanisme de réponse efficace. Des investissements supplémentaires, une coordination accrue entre les différentes structures et une collaboration internationale renforcée sont essentiels pour garantir la sécurité et le bien-être des populations face à de telles crises.

Christelle TOGONOU