Pour réussir le défi de la maîtrise des technologies, de l’acquisition et de la transmission du savoir à une grande échelle avec l’efficacité requise, le développement et la promotion des langues nationales doivent demeurer une priorité pour la communauté. Selon un sondage de l’UNESCO, une personne sur sept restes illettrés de par le monde et sur 860 millions de personnes illettrées, on retrouve 500 millions de femmes. Alors que les africains doivent apporter leurs contributions pour enrichir au plan national et international leur culture, le salut de l’Afrique pourrait venir de l’utilisation des langues maternelles à l’école et dans l’administration.

Les études montrent qu’il existe un lien étroit entre l’apprentissage dans une langue maternelle et les résultats scolaires à un niveau national. La science démontre qu’une langue comporte des richesses culturelles, scientifiques, philosophiques et économiques d’où la nécessité de l’introduction des langues maternelles dans les systèmes éducatifs.

Au Bénin, en dépit des efforts consentis pour baliser le terrain à l’insertion des langues maternelles dans le système éducatif formel, rien n’a réellement avancé sur le sujet. Six (6) langues post alpha à savoir l’Adja, le Batonou, le Dendi, le Ditamari, le Fon et le Yoruba ont été retenues le 16 juillet 1992 pour être introduites dans l’enseignement. Quatre (4) autres langues telles que le Yom, le Fulfuldé, le Gengbé et le Gungbé ont été ajoutées aux six précédentes.

Ainsi, le Bénin a commencé l’expérimentation, celle d’introduire les langues nationales dans le système éducatif lors de la rentrée scolaire 2013-2014 par les classes de cours d’initiation (CI) avec 30 écoles primaires. Il faut noter que le Fon, une des principales langues du Bénin parlée par un peu plus de quatre millions de béninois est la langue la plus usée à Cotonou, la capitale économique.

Il est aussi important de faire remarquer qu’il existe un peu plus de deux mille langues africaines qui constituent l’essence de l’identité des peuples africains. Cependant, peu de langues africaines ont un statut officiel dans leur pays respectif.

On compte 12 pays dont la Tanzanie, le Rwanda, l’Erythrée ou le Kenya qui ont modifié leur constitution ou adjoint une langue « co-officielle » à l’anglais ou au Français. Dans certains pays comme le Sénégal, 80% de la population parle le Wolof. L’Assemblée Nationale du Sénégal s’est par exemple dotée d’un « système d’interprétation simultanée » permettant aux députés de s’exprimer dans leur langue natale. C’est une question difficile à trancher pour des raisons politiques, ethniques, administratives et scolaires ; ce qui explique les timides avancées de nos pays sur le sujet.

Aujourd’hui, à travers la musique et les arts, de nombreux pays africains valorisent la promotion des identités linguistiques. Le Lingala, avec ces rythmes mélodieux a conquis les scènes mondiales dans les années 80 et 90, aujourd’hui le Yoruba vibre sur toutes les scènes internationales de par l’éclosion des artistes nigérians.

Kola Tubosun, écrivain nigérian et créateur du moteur de recherche des noms Yoruba a dit ; « la plus grande pauvreté était celle qui consiste à empêcher un individu de s’interroger dans la langue avec laquelle il est intimement lié ».

La langue nous lie aux nôtre et spécifie notre ‘’moi’’ face à la mosaïque mondiale. La mondialisation et la technologie doivent servir de prétextes pour la création et l’expansion des initiatives en faveur des langues africaines. Ainsi, plus que des outils de fierté et d’unité, nos langues deviendront une porte vers le monde.

Bertin DJITRINOU