61 % de personnes parlent français dans les ménages à Cotonou

Selon les statistiques du Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH) de 2013, l’assimilation linguistique qui touche tous les groupes ethniques du pays, est exclusivement urbaine, particulièrement dans les grandes villes ou les agglomérations urbaines.

Environ une personne sur deux ne s’exprime pas dans sa langue maternelle. Ce phénomène semble plus renforcé, non seulement par l’urbanisation, mais également, et surtout, par la migration.

D’après les statistiques, le pourcentage de personnes qui s’expriment en français au sein du ménage est plus élevé dans le département du Littoral. Des pourcentages non négligeables sont enregistrés également dans les départements de l’Atlantique, de l’Ouémé, (notamment dans la ville de Porto-Novo) et du Borgou (notamment à Parakou). Ces localités, essentiellement urbaines, concentrent 78 % des personnes qui parlent français à la maison, dont 61 % pour la seule ville de Cotonou. La prévalence du français dans la sphère familiale semble, du coup, quasi urbaine.

Le phénomène des employés domestiques, des enfants confiés ou des personnes hébergées est une piste explicative plausible à cet effet. La main-d’œuvre qui alimente la filière des employés domestiques dans les villes du Bénin, et même de la sous-région ouest-africaine, est composée d’enfants déscolarisés ou non scolarisés, provenant généralement des groupes sociolinguistiques (Yoruba, Dindi, Ditamari, Fon, ect)

Or, ils sont quasi systématiquement des analphabètes en français et ils ne sont pas capables de s’exprimer dans les langues parlées au sein des ménages urbains d’accueil. Du coup, ils s’expriment souvent en « français populaire », c’est-à-dire le français de la rue qui favorise leur insertion socioéconomique.

Le développement du système éducatif scolaire et universitaire dans ces agglomérations urbaines est, en outre, une possibilité évidente pour des ménages urbains d’accueillir ou d’héberger des personnes non apparentées (écoliers, élèves, étudiants, apprentis, domestiques), justifiant cette prévalence du français au sein des ménages d’ethnies diverses urbains et, du coup, sa contribution à l’assimilation linguistique dans le pays.

Bertin Djitrinou