Dans un communiqué conjoint suite aux répercussions régionales majeures, le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont annoncé leur retrait immédiat de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Cette annonce diffusée sur les médias d’État des trois pays, a été rendue publique le dimanche 28 janvier.

Ces trois nations, toutes dirigées par des régimes militaires regroupés au sein de l’Alliance des États du Sahel depuis septembre 2023, ont affirmé agir en réponse aux attentes et aspirations de leurs populations, déclarant dans le communiqué conjoint : « prenant toutes leurs responsabilités devant l’histoire (…) décident en toute souveraineté du retrait sans délai du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest ».

Cette décision soulève des questions quant à ses implications pratiques. Elle pourrait avoir un impact significatif sur la libre circulation des biens et des personnes, ainsi que sur les régimes d’exemption de visa et les exonérations de taxe dans les trois pays concernés, tous dépourvus d’accès direct à la mer.

De plus, la mise en œuvre du retrait elle-même est sujette à des interrogations. Bien que le traité de la CEDEAO prévoie un délai d’un an pour tout État souhaitant se retirer, avec la possibilité de rétracter sa demande pendant cette période, la rapidité de cette démarche soulève des incertitudes quant à sa conformité aux protocoles établis.

Les tensions entre les trois pays et la CEDEAO ne sont pas nouvelles, remontant à l’arrivée au pouvoir de régimes militaires suite à des coups d’État successifs en 2020 au Mali, en 2022 au Burkina Faso et en 2023 au Niger. La CEDEAO a réagi en suspendant ces pays de ses instances et en imposant des sanctions, allant jusqu’à menacer d’intervenir militairement.

Les dirigeants des pays sahéliens ont dénoncé l’orientation de la CEDEAO, affirmant dans leur communiqué conjoint que l’organisation, « sous l’influence de puissances étrangères », ne répond plus aux idéaux panafricanistes et est devenue une menace pour ses États membres et leurs populations.

Ils reprochent à la CEDEAO de ne pas avoir apporté un soutien adéquat dans la lutte contre les groupes jihadistes qui sévissent dans la région depuis 2012, causant des milliers de morts et de déplacés. Les sanctions imposées par l’organisation sont perçues comme une réaction disproportionnée, selon eux, à leur volonté de prendre en main leur destinée, en référence aux coups d’État ayant renversé les régimes civils précédents.

Christelle TOGONOU