Le flux de marchandises entre le Bénin et le Nigéria non déclarés à la douane ou incorrectement déclarés constitue un problème majeur et persistant. Ainsi que l’établit le rapport récent du FMI de février 2023, le retour à des pratiques plus orthodoxes, nécessaire pour respecter les engagements en termes d’intégration régionale et continentale, requiert une stratégie intégrée.

Du fait des difficultés logistiques et administratives dans les ports nigérians combinées à des restrictions d’importation au Nigéria, des volumes importants de marchandises passent par le port de Cotonou avant de traverser la frontière de manière informelle ou frauduleuse. Cette économie parallèle selon le rapport récent du Groupe Intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment d’Argent en Afrique de l’Ouest (GIABA), est susceptible d’alimenter la corruption à divers niveaux et de donner lieu à du blanchiment de capitaux.

Prenant en compte l’impact économique et social, les facteurs divers et la concurrence directe qui existe entre les ports d’Afrique de l’Ouest, la mise en place d’un cadre administratif douanier conforme aux normes internationales et reposant sur une collaboration renforcée entre les deux douanes des deux pays, permettrait d’engager un processus de remise en ordre, permettant d’éradiquer une source majeure de corruption actuelle ou potentielle.

Au nombre des mesures suggérées par la mission d’évaluation du FMI à mettre en œuvre de manière intégrée, il y a : l’utilisation de la procédure douanière de transit international. Elle consiste à établir et rendre obligatoire une procédure informatisée et digitalisée de transit douanier entre le port de Cotonou et un bureau de douane au Nigéria avec une déclaration en douane unique, pour un apurement automatisé. Cette procédure consiste aussi à renforcer les contrôles via l’utilisation de scanneurs au départ et à l’arrivée, l’analyse comparative des images en utilisant l’intelligence artificielle, et pour les inspections physiques nécessaires, des équipes conjointes de douaniers béninois et nigérians.

Toujours au menu des mesures suggérées par la mission, il faut citer la prévention et la répression des flux non déclarés. Cette mesure consiste à développer et appliquer une grille de sanctions douanières dissuasives pour non utilisation de la procédure de transit pour le franchissement de la frontière. Il s’agit aussi de mettre en place la stratégie et les opérations de la surveillance douanière mobile de la zone frontalière en assurant une couverture géographique et temporelle optimale, mais surtout d’activer la coordination de la stratégie et du commandement opérationnel de la lutte anti-contrebande, en continu, entre les deux administrations.

En plus de ces principaux éléments précités, s’ajoutent d’autres actions consistant à éliminer les valeurs à l’importation dites « ajustées » et appliquer totalement l’Accord de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) sur les valeurs en douane, et mettre en place avec le Nigéria un cadre de suivi des progrès et de renoncement aux fermetures unilatérales de la frontière.

Bertin DJITRINOU