Les coûts d’emprunt augmentent et l’Afrique subsaharienne souffre d’une pénurie de financement. Car, les contributions des donateurs se tarissent et les séquelles des crises récentes sont toujours palpables.
C’est ce que révèle l’édition d’avril 2023 des Perspectives économiques régionales sur l’Afrique subsaharienne présentée par le Fonds Monétaire International (FMI).

Selon ce rapport, plusieurs facteurs concomitants sont à l’origine de la pénurie de financement que connaissent de nombreux pays d’Afrique subsaharienne à savoir : la hausse des taux d’intérêt au niveau mondial, la hausse des spreads sur les obligations souveraines, et la dépréciation des monnaies de la région par rapport au dollar. Tout ceci vient s’ajouter aux difficultés que rencontrent les pouvoirs publics en raison des répercussions de la pandémie de COVID-19 et de la crise du coût de la vie.

Ainsi, la région est frappée de plein fouet par une pénurie de financement. La persistance de l’inflation mondiale et le resserrement des politiques monétaires ont entraîné une hausse des coûts d’emprunt pour les pays d’Afrique subsaharienne et exercé une pression accrue sur les taux de change. De fait, aucun pays n’a été en mesure d’émettre une euro-obligation depuis le printemps 2022. La pénurie de financement aggrave une tendance de fond qui est à l’œuvre depuis des années.

Il convient de noter que la charge des intérêts de la dette publique augmente, parce que les pays de la région se tournent de plus en plus vers les marchés financiers, où les coûts d’emprunt sont élevés, et parce que les budgets d’aide au développement ne cessent de baisser. Ce manque de financement affecte donc une région déjà aux prises avec de profonds déséquilibres macroéconomiques.

La dette publique et l’inflation sont à des niveaux qui n’ont plus été atteints depuis des décennies. Ainsi, la moitié des pays de la région sont en proie à une inflation supérieure à 10 %, qui réduit le pouvoir d’achat des ménages, frappe de plein fouet les couches de la population les plus fragiles et attise les tensions sociales.

Selon les estimations du FMI, plus de 132 millions de personnes étaient en situation d’insécurité alimentaire aiguë en 2022.
Compte tenu de cette situation qui a mis un coup d’arrêt à la reprise économique, la croissance économique dans la région en 2023 va baisser pour s’établir à 3,6 %, avant de se redresser à un niveau de 4,2 % en 2024, en supposant que l’on assiste à une reprise économique au niveau mondial, que l’inflation ralentisse comme prévu et que le resserrement de la politique monétaire prenne progressivement fin.

Il convient cependant de souligner que cette moyenne occulte des différences marquées au sein de la région. De nombreux pays afficheront un modeste regain de croissance cette année, en particulier ceux dont le PIB n’est pas fortement dépendant des ressources naturelles, mais la moyenne régionale sera tirée vers le bas par l’atonie de la croissance dans certains des pays les plus importants d’un point de vue économique, dont l’Afrique du Sud.

La pénurie de financement aura également des conséquences pour les perspectives régionales à plus long terme. Elle risque de contraindre les autorités à consacrer moins de moyens à des domaines essentiels pour le développement comme la santé, l’éducation et les infrastructures, au détriment du potentiel de croissance de la région.

Bertin Djitrinou