L’opération de déguerpissement des espaces publics démarrée le 4 janvier 2017 par le gouvernement du Président Patrice TALON, visait à rendre accessibles les artères et espaces publics, qui étaient occupés de manière illégale par des particuliers, des marchands ou des entreprises pour le compte d’activités commerciales.
Ainsi, la libération des trottoirs pris d’assaut par des revendeurs ignorant toutes conséquences spatiales, économiques et sociales par la force mais non sans grincements de dents avait marqué la fin d’une époque, celle des étalages de marchandises qui débordent sur les trottoirs des voies publiques.
Malheureusement, cette opération choc inspirée et menée par les autorités béninoises, ayant marqué les débuts de l’ère du régime de la rupture, fait suite aujourd’hui à la récidive des populations qui se sont réappropriés illégalement les espaces publics, jadis libérés.
Mais comment expliquer cet échec cuisant de l’opération de libération des espaces public ?
Le cas du quartier Dantokpa qui abrite en même temps le plus grand marché international de la sous-région ouest-africaine, est révélateur. Les artères, trottoirs, terre-pleins centraux, et autres sont jonchés de marchandises, et de personnes « inamovibles ».
Pour le chef du quartier Dantokpa, Amzath AGUEMON, la population béninoise croît. Il y a beaucoup plus de monde qu’il y a dix ans ou vingt ans, mais aucun gouvernement par le passé n’a pas anticipé sur l’évolution naturelle de la population qui vaque à des activités commerciales. Du coup, le marché qu’on a connu depuis les années 70 est demeuré tel. Alors, pour répondre aux besoins de la population, il fallait juste prévoir la création et la construction d’autres marchés. Selon lui, « les trottoirs ne sont pas faits pour être pris d’assaut. Car, nul n’est censé ignorer la loi. Mieux, le paiement d’une taxe ne donne pas de facto l’autorisation aux populations de s’installer sur les espaces publics » a-t-il dit.
Le Directeur Général de la Société de Gestion des Marchés (SOGEMA) Arnaud AGBODJETE, renchérit en précisant « qu’il convient de faire une différence entre les places assises et celle des vendeurs ambulants qui ne paient pas le même montant ». Selon lui, le maintien d’ordre de l’occupation de l’espace public relève de l’autorité du préfet et de la police. Pour accompagner la réforme, le Dg/SOGEMA propose aux sinistrés, des espaces à Tokpa afin de leur éviter des déconvenues.
« Pour pérenniser la lutte contre l’occupation des espaces publics, il faudra un dispositif de dissuasion, constitué d’un nombre conséquent de policiers pour assurer la veille sur les lieux 24h/24 » propose le chef quartier Amzath AGUEMON.
Cette situation déplorable, selon le Préfet du Littoral Alain Orounla, ne saurait perdurer. Ce dernier pense « qu’il faut sévir contre l’occupation illégale et anarchique des espaces publics à Cotonou ». C’est pourquoi, dans un communiqué en date du 12 septembre 2023, Alain Orounla a invité les occupants illégaux, tous ceux qui occupent les domaines publics (trottoirs, terre-pleins, centraux, etc…) à libérer pacifiquement et sans délai les espaces concernés. Mais où en sommes-nous à la date d’aujourd’hui ?
Bertin Djitrinou