L’histoire est le repère d’une nation dit-on. 26 Octobre 1972 – 26 Octobre 2025, cela fait exactement 53 ans que le Bénin a connu un grand virement dans son histoire politique. Une date qui évoque la nouvelle marche politique enclenchée au Bénin alors Dahomey.
Ce jour-là, un jeune officier, chef de bataillon, le commandant Mathieu Kérékou, prenait le pouvoir par la force, mettant fin à une période de grande instabilité politique marquée par des gouvernements successifs et des crises répétées.
En effet, depuis son indépendance en 1960, le pays faisait l’objet d’une série de crises politiques. Les dirigeants se succédaient, les coups d’État étaient fréquents, et le peuple ne savait plus à quel saint se vouer. En 1970, une solution, pensée et mise en place pour réguler la situation, était un Conseil Présidentiel composé de trois anciens présidents : Hubert Maga, Sourou-Migan Apithy et Justin Tomètin Ahomadégbé.
Ces derniers devaient se relayer, tour à tour, au pouvoir jusqu’à ce 26 octobre 1972, où Mathieu Kérékou, avec l’appui de ses camarades militaires du sous-groupement d’appui de Ouidah, ont décidé d’agir, renversant le Conseil Présidentiel pour prendre le contrôle du pays.
Dans son premier discours, il annonce vouloir mettre fin aux querelles de politiciens et instaurer un régime plus stable. Bien que militaire, ce coup d’État était accueilli avec un certain soulagement par une partie de la population qui avait marre des divisions politiques.
Après la prise du pouvoir, Kérékou change le nom du pays en 1975 : le Dahomey devient la République populaire du Bénin. Il adopte une idéologie marxiste-léniniste et centralise le pouvoir. Ce régime durera jusqu’à la fin des années 1980, avant que le pays ne revienne à un système démocratique.
Ainsi, cette date revêt non seulement une certaine importance, mais rappelle les défis que le Bénin a dû surmonter pour construire une nation stable.
Cependant, le triste constat aujourd’hui reste l’ignorance qu’affiche la jeunesse au sujet du putsch de cet après-midi du jeudi 26 octobre 1972. 53 ans après la prise du pouvoir d’État par le Gouvernement Militaire Révolutionnaire (GMR), un pan de l’histoire du Bénin ex-Dahomey, se trouve déjà à la porte du cimetière de l’oubli
Un repère historique fort
Le 26 Octobre 1972 reste une date charnière dans l’histoire du Bénin et symbolise la fin de l’ère des coups d’État fréquents et l’entrée dans une longue période de gouvernance sous Kérékou surnommé le “Caméléon national”, qui dirigea le pays de 1972 à 1991, puis de 1996 à 2006, passant ainsi de militaire marxiste à dirigeant démocrate, avant de se retirer définitivement.
Son héritage est contrasté : d’un côté, il a incarné la stabilité après des années de chaos politique, de l’autre, son régime autoritaire a limité les libertés avant d’évoluer vers une ouverture démocratique.
De l’instabilité chronique (1960-1972) à une stabilité relative sous Kérékou, de la dictature militaire à une démocratie pluraliste reconnue comme modèle en Afrique de l’Ouest, et de l’idéologie marxiste à une gouvernance plus pragmatique et ouverte sur le monde, cette commémoration reste l’occasion de réfléchir à l’évolution du Bénin.
En somme, le 26 octobre est devenu une date de mémoire nationale, rappelant à la fois les fragilités du passé et les acquis démocratiques actuels.
Bertin Djitrinou