Les autorités béninoises ont annoncé la tenue des assises nationales sur la croissance démographique dans notre pays. Le Secrétaire Général Adjoint et porte-parole du gouvernement Wilfried Léandre Houngbédji a indiqué dans une récente sortie que les discussions permettront d’identifier les facteurs qui favorisent la forte fécondité et d’évaluer les conséquences du taux élevé de la croissance démographique sur les dépenses publiques.

A en croire le porte-parole du gouvernement, Il ne s’agit pas d’une limitation de naissances, mais plutôt de la parentalité responsable afin que les uns et les autres comprennent qu’il faut espacer les naissances et qu’il faut faire les enfants suivant un rythme, suivant les moyens dont on dispose.

Selon une analyse corrélationnelle faite par l’économiste, enseignant-chercheur des universités Docteur Kenneth KPONOU, « le Bénin n’est pas en état de surpopulation. Mais, ce qui est en cause aujourd’hui, c’est le rythme de la croissance démographique qui parait un peu élevé au regard de notre rythme de croissance économique surtout dans un environnement marqué ces dernières années par des crises de différentes natures et de différentes ampleurs ».

A l’allure où vont les choses, « nous n’allons pas atteindre les objectifs de développement dans les délais que nous aurions voulu », précisent des experts. D’après l’économiste, le processus est ralenti davantage parce que la population est en train de croître à un rythme élevé.

« On peut donc dire au regard de la situation que la croissance démographique s’apparente à une taxe qui vient enrayer les efforts soutenus en termes de croissance économique puisqu’il faut faire de la croissance sur le long terme pour espérer atteindre le développement ».

Selon une synthèse de thèses, des grandes théories économiques de la démographie, il faut évoquer trois thèses dont une qualifiée de thèse orthodoxe, qui a du principe que la croissance démographique est un moteur pour la croissance économique. En ce sens que, la croissance démographique élevée permet d’avoir quelques effets bénéfiques, tels que l’effet de la demande qui permet d’avoir une forte demande intérieure, de la spécialisation pour la production qui encourage la croissance économique.

Il y a une autre thèse dénommée hétérodoxe fondée sur une analyse pessimiste de l’effet de la démographie sur la croissance économique. Avec cette thèse, on parle de l’idée du rythme démographique qui, étant plus élevé que le rythme de production, pourrait avoir des conséquences dommageables pour la croissance économique. On pourrait avoir à faire à beaucoup de gens dépendants, qui passeront leur temps à demander de la couverture sociale, ce qui va freiner les efforts de la croissance économique.

Il y a une dernière thèse beaucoup plus modérée qualifiée de thèse neutraliste qui accorde moins d’importance aux questions démographiques en matière de croissance économique.

Avec ces différentes thèses, il convient de faire une analyse profonde selon le contexte du Bénin d’une population avoisinant déjà les 13 millions d’habitants.

Même si les citoyens ont des avis partagés sur la question et expriment diverses attentes, Le débat sur l’explosion démographique au Bénin s’intensifie avant la tenue des assises nationales et il importe d’appeler tous les acteurs impliqués, qu’ils soient politiques, civils, religieux, décideurs, médecins ou personnel de santé, à agir avec bonne foi et dans le respect de la dignité humaine, de la sacralité de la vie et de la sauvegarde de la famille pour leur part, ce qu’ils espèrent de ces assises.

Bertin Djitrinou