Au Bénin, des mesures bien que méconnues du grand public sont en vigueur concernant le transport du charbon de bois et du bois de feu à usage domestique. Ces règles, rappelées dans une note de service en date du 17 janvier 2025, sont conçues pour garantir une gestion durable des ressources naturelles tout en limitant la déforestation.
Cette décision n’a pas manqué de susciter des interrogations de la part des concitoyens. Au détour d’une émission sur une radio de la place ce dimanche 26 janvier 2025, le lieutenant-colonel Emmanuel Gbédji, directeur technique en charge de la biomasse-énergie et de la valorisation des ressources forestières à la direction générale des eaux, forêts et chasse, a apporté des éclaircissements sur ces mesures en vigueur au Bénin.
Dans son intervention, le lieutenant-colonel Emmanuel Gbédji a souligné que l’utilisation du charbon de bois et du bois de feu n’est pas interdite au Bénin. Cependant, pour transporter ces produits à usage domestique, les particuliers doivent respecter des règles spécifiques.
En vertu de l’arrêté 040 de 2009, les particuliers peuvent transporter un maximum de deux sacs de charbon ou un stère de bois, moyennant le paiement de taxes. Ainsi, le coût est fixé à 630 FCFA par sac de charbon et à 735 FCFA pour un stère de bois.
Ce système de paiement, qui selon le lieutenant-colonel Gbédji a remplacé les anciens coupons rouges utilisés pour ce genre de transactions, se fait désormais en ligne, via la plateforme du Trésor public. Après avoir réglé la somme, le particulier reçoit une quittance électronique, qui sert de titre de transport, autorisant le transport des produits.
Cependant, une exception est faite pour les revendeurs locaux. Il est important de noter que cette réglementation ne s’applique pas aux consommateurs qui achètent leur charbon directement auprès des commerçants locaux.
Ceux-ci n’ont pas besoin de se soumettre à ces formalités puisque le charbon vendu a déjà passé les étapes nécessaires de taxation avant d’arriver dans les centres de consommation.
En revanche, toute personne transportant du charbon ou du bois de feu d’une zone de production vers un centre urbain, comme Cotonou, doit impérativement respecter cette procédure.
Aussi vrai que certains s’interrogent sur le fait que l’administration forestière applique ces mesures maintenant, le lieutenant-colonel Emmanuel Gbédji a précisé que ces règles sont en vigueur depuis 2009 et sont réaffirmées chaque année, notamment dans la loi de finances.
A en croire l’invité de l’émission, l’administration forestière met en œuvre cette réglementation de manière continue, via des campagnes de sensibilisation sur l’ensemble du territoire national. « Ces taxes et redevances ne sont pas nouvelles. L’État n’a pas introduit de nouvelles taxes cette année », a-t-il insisté.
Ainsi, des sanctions sont prévues en cas de non-respect des règles. Les contrevenants s’exposent à des sanctions. Ainsi, l’amande à payer en cas de non-respect de cette réglementation va de 50.000 à 500.000 FCFA. Lors des patrouilles, les véhicules et marchandises transportant du charbon sans la régularisation préalable sont systématiquement saisis.
Le lieutenant-colonel Emmanuel Gbédji a rappelé que, selon l’article 75 de la loi 93 sur les forêts, le matériel et les produits saisis constituent des preuves et sont conservés jusqu’à la résolution du contentieux.
D’après les explications du lieutenant-colonel Emmanuel Gbédji, l’objectif principal de cette réglementation est de lutter contre la déforestation, un problème majeur au Bénin. « Selon les statistiques de 2015, le taux de déforestation du pays est de 1,9 %. Le bois énergie représente l’un des principaux facteurs de dégradation des forêts », a-t-il indiqué.
Pour cela, des mesures ont été prises depuis 2009, notamment la création de marchés ruraux de bois, aux fins de permettre aux citoyens de se procurer du bois de manière légale et encadrée.
Autres raisons, il a été observé que de nombreux citoyens, y compris des chauffeurs de taxis ou des voyageurs, transportent illégalement de grandes quantités de charbon, ce qui crée une concurrence déloyale envers les commerçants agréés, qui respectent les règles fiscales.
Le but est donc de réguler ce secteur pour garantir une concurrence équitable et préserver les ressources naturelles.
Bertin Djitrinou