La lutte contre le blanchiment des capitaux a gagné en maturité au Bénin grâce à l’engagement politique du gouvernement du président Patrice Talon. 

Depuis 2016, la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF), principal maillon du dispositif de lutte, a bénéficié aussi bien de ressources nécessaires que d’un cadre légal et institutionnel conforme aux normes internationales.

Cette institution est malencontreusement perçue par nombre de béninois comme une structure créée pour les surveiller et les traquer.

Cependant, créée en 2006 au Bénin avec une mission claire, qui est celle de recueillir, analyser, enrichir et diffuser des renseignements financiers dans le cadre de la lutte contre le blanchiment des capitaux, la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF) a fait du chemin sous l’influence du ministère de l’économie et des finances qui a su donner les impulsions.

Dans une interview exclusive accordée à la presse locale, le président, Abdou Rafiou Bello, a dressé, statistiques à l’appui, le bilan des 19 années de parcours de la CENTIF.

A en croire le président de la CENTIF, de 2019 à 2024, 1631 dossiers ont été traités dont 104 ont été transmis au Procureur spécial de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET).

Outre les dossiers transmis à la juridiction spéciale, il est à retenir que 850 dossiers ont fait l’objet de partage avec la Direction générale des impôts (DGI), la Brigade économique et financière (BEF), la Brigade criminelle et le Centre national des investigations numériques (CNIN) (Ex-OCRC).

« En 2024 par exemple, les rapports partagés avec la direction générale des impôts lui ont permis de procéder à des redressements fiscaux et de récupérer près 4,9 milliards de FCFA auprès des contribuables indélicats », a révélé le président Abdou Rafiou Bello.

Toujours en termes de bilan, le patron de la CENTIF a précisé que la Cellule est restée à l’avant-garde de toutes les initiatives prise dans le cadre de la lutte contre le blanchiment des capitaux au Bénin.

« Le dispositif de lutte contre le blanchiment des capitaux qui était embryonnaire au début des années 2010 a gagné en maturité grâce à l’engagement politique fort du gouvernement qui depuis 2016 a renforcé la CENTIF, principal maillon dudit dispositif, non seulement en lui donnant les ressources nécessaires mais aussi et surtout en mettant en place un cadre légal et institutionnel largement conforme aux normes internationales », a-t-il confié.

De façon précise, les actions de la CENTIF au cours des 19 dernières années ont été décomposées en trois phases.

Les premières mandatures ont formé, sensibilisé et éduqué afin de faire prendre conscience du phénomène de blanchiment d’argent.

La deuxième phase a permis de mettre en place les outils et surtout d’assurer la conformité de la place financière béninoise aux normes internationales.

La troisième phase qui se poursuit est celle du renforcement de l’efficacité et de la modernisation de la CENTIF.

Il est important de rappeler que la CENTIF est une initiative sous régionale instituée par la directive N°07/2002/CM/Uemoa du 19 septembre 2002 transposée dans l’ordre juridique national par la Loi N°2006-14 du 21 octobre 2006 portant lutte contre le blanchiment de capitaux en République du Bénin.

Cette loi a d’ailleurs connu plusieurs mises à jour dont la dernière qui date de février 2024, a conduit à la Loi N°2024-1 du 20 février 2024 portant lutte contre le blanchiment des capitaux, le financement du terrorisme et de la prolifération des armes de destructions massives.

D’après Abdou Rafiou Bello, la signature des conventions de partenariat est une bonne pratique recommandée au plan international et consacrée par l’article 129 de la loi sur le blanchiment des capitaux.

En effet, les accords de partenariats en définissant un cadre de coopération avec les partenaires, visent à les rassurer quant à l’utilisation des données transmises à la CENTIF.

La CENTIF est membre de réseau mondial des Cellules de renseignements financiers appelé Egmont Group. Ce réseau qui comporte 177 cellules de renseignements financiers de par le monde, est un canal puissant de partage et d’échanges d’informations.

Grâce à cet outil, la CENTIF peut recevoir des informations ou faire réaliser des investigations sur n’importe qui dans n’importe quel pays du monde.

Toutefois, « l’appartenance à ce réseau comporte des exigences en termes de sécurité des informations, de confidentialité dans le traitement et surtout d’indépendance vis-à-vis de tous pouvoirs » a confié, Abdou Rafiou Bello.

La CENTIF est également membre de plusieurs initiatives sous régionales telles le Recen-Uemoa, le réseau des CENTIF des Etats membres de l’Uemoa, le Forum des CRF de la Cedeao et le réseau des CRF des pays du Bassin du Lac Tchad.

En dépit de tout, l’adhésion à ces initiatives témoigne de la volonté de coopération entre les pays afin de lutter contre la criminalité transfrontalière.

Bertin Djitrinou