Les concitoyens en savent désormais mieux sur l’absence des 440 milliards de FCFA déjà mobilisés pour la construction de 30 lycées dans la loi de finance 2025 au Bénin.
Dans le cadre du budget de l’année 2025, un élément majeur a attiré l’attention des citoyens et des observateurs de la politique économique et éducative au Bénin. Il s’agit de l’absence d’une allocation de 440 milliards de FCFA, initialement prévue pour la construction de 30 lycées techniques à travers le pays.
Ces fonds avaient été annoncés précédemment dans le cadre du Programme d’Action du Gouvernement (PAG), visant à moderniser le secteur éducatif et à renforcer la formation technique et professionnelle.
Dans son traditionnel message adressé à la nation le vendredi 20 décembre 2024, le président Patrice Talon a annoncé que les ressources destinées à la construction de 30 lycées et de 8 écoles de métiers sont déjà disponibles à plus de 440 milliards de FCFA, en indiquant que les travaux seront lancés dans les prochains mois.
Cette annonce du chef de l’état a suscité des réactions notamment dans le rang de l’opposition béninoise. Eric Houndété, premier vice-président du parti « Les Démocrates » a fait savoir qu’il n’a pas vu les traces des 440 milliards dans la loi des finances de 2025 adoptée par les députés.
En effet, la grande surprise pour les observateurs a été la décision de ne pas inclure les 440 milliards FCFA dans le budget 2025, bien que ces fonds aient été annoncés dans les années précédentes. Cette absence a suscité des interrogations sur les raisons et les justifications qui sous-tendent cette décision.
Pour apporter une clarification à cette préoccupation de l’opposant, le ministère est revenu sur le sujet, lors d’une conférence de presse conjointe entre le directeur général du budget, Rodrigue Chaou et ses homologues des impôts et de l’économie, vendredi 27 décembre 2024. Une clarification a été apportée sur la question.
Le gouvernement béninois, par l’intermédiaire du ministre de l’Économie et des Finances, a expliqué que plusieurs facteurs ont contribué à cette révision du budget. Selon les autorités, cette décision est liée à des ajustements budgétaires nécessaires pour répondre à d’autres priorités urgentes et garantir une gestion rigoureuse des finances publiques.
En effet, le pays traverse des périodes économiques complexes, avec des besoins multiples en matière d’infrastructure, de santé, et de sécurité, ce qui a nécessité une réallocation des ressources.
Le gouvernement a justifié cette absence par la nécessité de réévaluer certaines priorités économiques, notamment face à des imprévus tels que l’inflation, la hausse des coûts de la vie et des infrastructures, ainsi que des défis mondiaux comme la crise sanitaire et les fluctuations des prix des matières premières.
Selon certaines sources proches du gouvernement, des études récentes ont révélé que la mise en œuvre du projet des 30 lycées techniques nécessiterait davantage de ressources que prévu initialement, notamment en termes d’entretien et de gestion à long terme des infrastructures. Des révisions ont donc été opérées pour évaluer la faisabilité financière sur plusieurs années.
Un autre argument avancé est la nécessité de donner la priorité aux projets déjà en cours, tels que la construction de routes, d’hôpitaux et d’écoles primaires, jugés comme des urgences pour le développement du pays. Le financement de ces projets, en particulier ceux liés aux infrastructures de base, a été estimé comme plus pressant.
Selon le directeur général du budget, Rodrigue Chaou, l’accent n’a pas été mis sur les 440 milliards de FCFA dans la loi des finances 2025 parce que la réalisation du projet de construction de ces 30 lycées s’étale au-delà de 2025.
A en croire Rodrigue Chaou, directeur général du budget, un tel projet a une durée de vie d’au moins trois (3) ans. Et chaque année, ajoute-t-il, une partie du financement du projet, sera prévue dans la loi des finances.
« C’est ce qu’il faut comprendre de l’annonce du chef de l’État. Il rassurait que les ressources sont déjà prêtes, mobilisées et qu’il ne reste qu’à mettre en route les travaux de construction », a laissé entendre le directeur. Rodrigue Chaou a confié que les 440 milliards de FCFA ont été mobilisés à travers des dons, des prêts mais également des fonds propres du Bénin.
Si l’absence de ces 440 milliards FCFA dans le budget 2025 peut être perçue comme un coup d’arrêt à la construction des 30 lycées techniques, les autorités béninoises n’ont pas totalement abandonné le projet. Elles ont indiqué qu’une nouvelle stratégie de financement sera mise en place dans les années à venir pour continuer à soutenir le développement du secteur de la formation technique et professionnelle.
Bertin Djitrinou