Un fonctionnaire de la police républicaine est poursuivi pour « abus de fonctions » en lien avec cette affaire de trafic de drogue. Il est reproché à l’officier d’avoir manqué de rigueur lors du contrôle des passagers, permettant ainsi à la Nigériane, qui possédait deux identités dans la base de données, de passer sans encombre. Lors de l’interpellation, il a été découvert que la prévenue transportait de la cocaïne dans ses bagages.

En effet, convoquée à la barre ce jeudi 25 juillet 2024, la Nigériane poursuivie pour « trafic international de drogue à haut risque » a reconnu les faits. Elle a déclaré que les colis de drogue lui avaient été confiés par un compatriote résidant en Inde. Elle a également avoué avoir voyagé par l’aéroport de Cotonou huit fois entre octobre 2022 et son arrestation le 31 mars 2023, transportant de la drogue à chaque voyage.

Selon les témoignages, les caméras de l’aéroport l’avaient aperçue le 16 mars 2023. Ce jour-là, le policier incriminé l’aurait laissée passer malgré la découverte de ses deux identités. Un collègue du policier avait, quant à lui, constaté cette double identité lors du contrôle du 31 mars 2023.

Quant au policier, à la barre, il admis avoir vu la prévenue une première fois le 16 mars 2023 et l’avoir interpellée le 31 mars 2023. « Quand j’ai constaté la double identité, je lui ai dit qu’elle ne pourrait pas voyager », a-t-il déclaré. Cependant, ses déclarations n’ont pas convaincu le juge, qui a relevé des contradictions par rapport aux enquêtes préliminaires. Il a été établi que ce n’était pas le policier accusé qui avait constaté la double identité le 31 mars, mais un de ses collègues.

Pour sa défense, le policier a affirmé ne pas être celui qui avait contrôlé la Nigériane lors de ses sept autres passages à l’aéroport de Cotonou, précisant ne l’avoir vue que deux fois. « Ce n’est donc pas vous qui avez contrôlé les 7 autres fois que la dame est passée à l’aéroport de Cotonou ? », lui a demandé son avocat Me Yénonfan. « Négatif ! », a-t-il répondu. « Est-ce que vous avez appris que d’autres collègues ont été interpellés dans ce dossier ? », a poursuivi l’avocat. « Non ! », a répondu le policier.

Après près d’une heure de débats, la Cour a décidé de renvoyer le dossier au 21 novembre 2024 pour les réquisitions et plaidoiries. Cette affaire met en lumière les défis et les lacunes dans les procédures de contrôle aux frontières, et pose des questions sur la rigueur et l’intégrité des forces de sécurité dans la lutte contre le trafic de drogue.

Christelle TOGONOU