Il était une fois, dans un pays d’Afrique de l’Ouest, le Dahomey, qui se transforma en République Populaire du Bénin (RPB) en 1975, sous la direction de Mathieu Kérékou. La nation, aspirant à une nouvelle identité socialiste, décida d’ériger des monuments symboliques pour marquer cette révolution. Parmi eux, se tenait fièrement l’étoile rouge, un symbole flamboyant de l’espoir et de l’engagement.

L’histoire raconte qu’au XIXe siècle, lors de la traite négrière, Cotonou était un simple comptoir destiné à l’acheminement et la vente des esclaves qui embarquaient sur place. Celle-ci, grâce à ses activités portuaires, s’est rapidement développée pour devenir la plus grande ville du Bénin.

Ici, pas de prestigieuses demeures anciennes ou de monuments historiques classés, comme sa voisine Porto Novo, mais plutôt de larges avenues et des bâtiments modernes. Néanmoins, la ville vaut le détour pour son ambiance dynamique.

Il serait alors impossible voir inconcevable d’évoquer les lieux incontournables, à l’instar de : la place de l’Amazone, la cathédrale notre dame de miséricorde de Cotonou, la grande mosquée de Porto-Novo, la place Bioguera, en passant par la place Goho pour ne citer que celles-là, pour faire du tourisme aujourd’hui au Bénin, un pays riche en histoire, culture et nature sans parler de la prestigieuse place de l’étoile rouge.

Non seulement il est le plus grand rond-point de la ville de Cotonou mais aussi on découvre un des plus importants monuments de la ville de Cotonou au Bénin. Un tour à la place de l’Etoile rouge vous réserve une surprise. Vous pouvez voir le monument érigé, qui cache une histoire intéressante. L’endroit est vaste et accueille une multitude d’autochtones.

En effet, ce vestige d’un autre âge, a survécu aux changements idéologiques après le pouvoir putschiste du Général Mathieu Kérékou en 1972, qui rebaptise son pays  » République Populaire du Bénin « . Construit par les russes, cette grande étoile à cinq branches peinte en rouge, élève en son centre, une grande tour. En haut de cette tour, on distingue un  » homme dit du peuple  » au sens marxiste du terme, que les béninois le surnomment  » Jacob « .

IL porte un fusil en bandoulière, un fagot de bois dans la main gauche et une houe dans celle de droite. Selon l’opinion subjective d’un membre de Tripadvisor, le message est clair : le fusil est pour rappeler le service militaire obligatoire, le fagot de bois pour se chauffer et la houe instrument essentiel pour une économie agricole.

Au sommet de cette étoile, une statue impressionnante attirait ainsi tous les regards. Cependant, ce qu’il convient de retenir de cette figure, connue sous le nom de Jacob, était un homme de courage, tenant une arme à l’épaule, un fagot de bois dans la main gauche et une houe dans la droite.

Chaque élément de son équipement racontait une histoire : l’arme, le rappel d’un service militaire indispensable ; le fagot, une représentation de la vitalité des ressources naturelles ; et la houe, symbole de l’agriculture, le cœur de l’économie du pays.

Mais qui était Jacob ? En effet, de son vrai nom Jacob Gadessihoun, un menuisier talentueux originaire de Comé, cet homme fut un passionné des arts, qui avait passé un concours pour rejoindre la marine militaire, où il alliait ses compétences en menuiserie à sa vocation militaire. Lorsque le gouvernement chercha un artiste pour donner vie à la statue de l’étoile rouge, Jacob sauta sur l’occasion. C’était son moment de briller.

Un jour, alors qu’il était en plein travail sur son chef-d’œuvre, un ami un peu désorienté passa par là et, en le voyant s’affairer, lança avec humour : « Jacob descend, la révolution n’est pas en haut ! » Cette phrase, simple mais pleine de sens, fit rire tous ceux qui l’entendirent et devint bientôt célèbre, collée à la légende de Jacob pour l’éternité.

L’étoile rouge devint alos le cœur battant de la révolution. Chaque année, des foules se rassemblaient sur la place pour célébrer la fête des Forces Armées Populaires ou le discours programmatique. Les couleurs et les chants résonnaient dans l’air, et la place, autrefois inaccessible, vibrait au rythme de l’espoir et de la détermination.

Après avoir terminé la statue de l’étoile rouge, Jacob fut envoyé en mission au Sénégal. A son retour, en 1974, il fut sollicité par sa ville natale pour réaliser une nouvelle œuvre. Sous l’inspiration du maire Hyacinthe Obagnigban, il créa une statue que la population nomma « Bénin Soka », symbolisant la liberté retrouvée du peuple.

Il faut noter que Jacob, ce digne fils de Comé, était bien plus qu’un simple artiste. il était un architecte de l’âme du Bénin. Il continua à laisser son empreinte jusqu’à sa mort en 1982, mais son esprit, son humour, et surtout sa fameuse phrase, vivaient encore dans le cœur de tous ceux qui croyaient en un avenir meilleur.

Ainsi, l’étoile rouge et ses récits d’espoir demeuraient à jamais gravés dans la mémoire collective, rappelant à chacun que la véritable révolution ne se trouve pas en haut, mais dans le cœur et l’esprit de chaque Béninois. Cette place est arborée avec de superbes arbres aux branches genre acacia, qui se déploient comme des parasols donnant une ombre très agréable.

Ce vestige, mérite une visite pour les nostalgiques de cette idéologie, pour ceux qui adorent l’architecture stalinienne et pour les autres, pour profiter de l’ombre agréable mais hélas, dans un bruit ambiant dû à la circulation autour de ce rond-point stratégique de Cotonou.

Bertin Djitrinou