La transformation des produits dans la Zone industrielle de Glo-Djigbé-Zè (GDIZ) classe désormais le Bénin parmi les pays exportateurs de textile. L’évènement passé inaperçu n’a pas eu grand monde pour en apprécier le sens symbolique, pour en souligner la portée historique. Le coton cultivé en terre béninoise, traité par des mains béninoises, dans des usines béninoises, a trouvé acquéreur loin de nos frontières nationales.

Dans sa chronique du jeudi 20 juillet 2023 sur Capp Fm, Jérôme Carlos apprécie cet exploit à mettre à l’actif de la Zone industrielle de Glo-Djigbé et surtout celui de taille des exigences de qualité de cet acquéreur : les Etats-Unis d’Amérique. Car, il s’agit de tonnes de chemises polos, de tee-shirts, d’habits pour enfants, tous labélisés « Made in Bénin », qui ferment désormais une parenthèse, mais pour en ouvrir une nouvelle dans l’histoire économique du Bénin.

Selon le chroniqueur Jérôme Carlos, « on aurait dû, dans toutes nos écoles, consacrer une journée spéciale à l’évènement et mobiliser tous nos médias autour de ce que nous tenons pour une révolution. Une révolution à bas bruit, mais une révolution de taille, en ce qu’elle nous indique le chemin de l’avenir en termes d’autonomie, d’indépendance, de souveraineté.

Autrefois, où le territoire dépendant d’une métropole était contraint de vendre la totalité de ses productions de matières premières au pays auquel il est soumis, une culture de rente, comme le coton, était imposée sur des terres où les populations, pour leur survie, avaient plutôt besoin du maïs, du mil ou du sorgho. Quant à la transformation du coton en produits finis, c’était encore au colon que revenait le dernier mot.

Les indépendances des années soixante n’ont ni changé la donne ni inversé ce rapport de force, laissant une lourde facture qui se résume à soixante-trois ans d’immobilisme, de routine et de misère. Ainsi, nombre de jeunes, qui après avoir perdu confiance en eux-mêmes et en leur pays, n’avaient plus de choix que de prendre le large, prêts à tenter l’aventure de la Méditerranée malgré les incertitudes, avec souvent au bout, la mort.

Alors, pour emprunter cette phrase du chroniqueur Jérôme Carlos, Glo-Djigbé qui vint tel un morceau de planète tombé des espaces interstellaires mérite d’être tenu pour un poteau indicateur, le point de départ d’une belle aventure, un bon repère sur un chemin d’espérance.
Désormais, les africains en l’occurrence les béninois doivent croire en eux-mêmes, croire en leurs capacités et en leurs ressources.

Car, selon la chronique de Jérôme Carlos, « jamais des mains étrangères ne s’aviseront d’écrire notre histoire » Et mieux, « c’est à nous de tracer la trajectoire de notre vie et de répondre aux questions que voici : Où voulons nous aller ? Pourquoi nous y allons-nous ? Comment comptons-nous le faire ? Dans quelles dispositions mentales devons-nous être et quelles ressources devons-nous mobiliser pour mener à bien notre mission ? Mais surtout que ferons-nous des résultats de notre quête ? » Autant de questions donc qui attendent nos réponses.

Certes, Glo-Djigbé en est une toute première, un premier coup réussi à l’actif du gouvernement de la rupture. A noter que 1000 jeunes ont été formés suite à l’ouverture de ce centre pour la production et l’exportation du textile.

Alors, avons-nous le droit de nous arrêter en si bon chemin ? Ne serait-il pas mieux de chercher d’abord à aller à la conquête du marché local et celui de la sous-région ? Ne devrait-on pas tenir compte des attentes du marché local et de la préférence des béninois qui auraient souhaité que la GDIZ produise surtout des pagnes qu’ils aiment porter souvent en week-end pour les « agors’’, les funérailles, les mariages et autres plutôt que les polos qui sont moins chers en friperies à Missebo à 500 f ou même à 200 f CFA ?

La GDIZ doit pouvoir trouver le mécanisme pour habiller désormais au Bénin, nos élèves et écoliers, nos forces armées et même nos joueurs.

Bertin DJITRINOU