Fin du procès dans l’affaire ‘’complot de coup d’état’’ au Bénin. Le verdict est finalement tombé ce jeudi 30 janvier 2025 à 17h38, sixième jour d’audience à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) dans l’affaire ‘’Complot contre l’autorité de l’Etat’’, un procès très médiatisé.

Beaucoup d’interrogations qui agitent les esprits à l’issue de ce procès, qui déterminera non seulement le sort des accusés mais aussi l’avenir de la scène politique béninoise. La justice parviendra-t-elle à trancher avec clarté et impartialité ? Répondra-t-elle aux attentes du peuple en quête de vérité ? Entre inquiétude, crainte et appréhension, la Cour a mis fin à l’épreuve de nerf, au bout de six jours de procès.

Après une audience marquée par de longues suspensions, l’homme d’affaires et ami du président Patrice Talon, Olivier Boko, l’ancien ministre des Sports Oswald Homéky et leurs co-accusés Hugues Crépin Adjigbékoun, Corneille Gbaguidi et Ganiou Sanoussi, ont été fixés sur leurs sorts dans ce sulfureux procès qui tient en haleine tout le peuple.

Inculpés depuis le mardi 1er octobre 2024, pour « atteinte à la sureté de l’Etat, complot d’atteinte à la sureté de l’Etat, blanchiment de capitaux et corruption d’agent public », un mandat de dépôt avait été décerné contre eux après leur audition au parquet de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET).

Selon le verdict, Olivier Boko, Oswald Homeky et Rock Nieri ont été reconnus coupables de corruption d’agents publics. Oswald Homeky a en outre, été déclaré coupable d’usage de faux certificat.

La Cour a prononcé des peines de 20 ans de détention et une amende de 4,5 milliards de FCFA contre les trois accusés. De plus, la somme de 1,5 milliard de FCFA et un véhicule de type 4×4 ont été confisqués au profit de l’État béninois. Ils devront également payer solidairement 60 milliards de FCFA de dommages et intérêts à l’État.

La Cour a décidé par ailleurs, de la saisie d’un compte NSIA en Côte d’Ivoire créé au profit du colonel Tévoédjrè.

Dans ce même procès, certains accusés ont été acquittés. Sanissou Ganiou et Gbaguidi Corneille ont été purement et simplement libérés, tandis qu’Adjigbékoun Hugues Créppin a bénéficié du doute.

Invité à réagir au réquisitoire du Procureur spécial de la Criet, l’homme de main de Patrice Talon, a persisté dans sa ligne de déni de toute implication dans le projet de coup d’État en préparation contre son allié de veille date. « Le procureur spécial vous amène à faire un procès de la richesse et un procès de la pauvreté. N’allez pas dans ce sens », a-t-il souhaité.

Selon lui, les faits démontrent à suffisance qu’il n’est mêlé ni de près ni de loin au complot dont il est accusé. « Je suis innocent. On veut me condamner par déduction », a-t-il clamé avant d’ajouter : « J’étais à Casablanca quand le chef de l’Etat m’a appelé. J’ai dû chercher un avion express pour rentrer. Si je voulais faire un coup d’État, je n’allais pas rentrer », a fait savoir Olivier Boko, celui qui était considéré comme le numéro 2 du régime de la rupture en place au Bénin depuis avril 2016.

Pour Olivier Boko, ce procès cache des non-dits et constitue un tournant capital pour le pays. « Ce procès est historique. Je suis du système. Je sais comment ça fonctionne. Je sais, je sais, je sais… Nous en reparlerons », a laissé entendre l’acteur politique. « L’opposé de la beauté, ce n’est pas la laideur, c’est l’indifférence. L’opposé de la justice, c’est l’indifférence. Si tel est mon sort, je l’accepte », a-t-il conclu, avant que la cour ait annoncé la mise en délibéré du dossier à 11 heures 38 minutes.

Bertin Djitrinou