La riche culture du Bénin que les locaux côtoient très souvent sans vraiment la connaître mérite d’être promue. Aussi, le caractère patrimonial que revêtent les masques peu connus et leur valeur esthétique culturelle suscitent l’intérêt et l’engouement des touristes que l’on rencontre en grand nombre sur les marchés artisanaux. Cependant, au-delà des réalités culturelles, ces masques sont investis de pouvoirs surnaturels.
L’art contemporain a vu le jour grâce aux diverses représentations faites des masques pillés en Afrique au cours de la colonisation. À quand remonte cette histoire ? Quelles sont les différentes formes de ces masques ? Quelles sont les représentations précurseurs de cet art contemporain ?
Plus qu’une simple sculpture, les masques africains ont une signification culturelle particulière. De nombreuses tribus africaines localisées dans plusieurs pays ont leurs propres masques, présentant des caractéristiques facilement identifiables. Toutefois, tous l’associent indissolublement au savoir et au pouvoir.
En effet, selon des études, les masques sont l’émanation de communautés à l’organisation complexe, qui s’expriment à travers eux. Ainsi, les ‘’Yorubas’’ (Yorùbá), un grand groupe ethnique d’Afrique, surtout présent au Nigeria, sur la rive droite du fleuve Niger, mais également au Bénin, au Ghana, au Togo, au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire où ils sont appelés Anango qui regroupent plus de 25,5 millions d’habitants, en ont créé plusieurs variétés. Certaines destinées uniquement au divertissement, d’autres investies de pouvoirs surnaturels.
A cet effet, le masque dans cette région de l’Afrique occidentale a pour rôle de maintenir la cohésion sociale, l’harmonie et l’entente entre les différentes couches de la population. Devenu un objet de foi, les Hommes placent en lui leur confiance, leurs aspirations et leurs espoirs. Retraçant ainsi l’histoire des Hommes et perpétuant leurs rituels, le masque dresse le lien entre les vivants et les ancêtres qui ont fondé le groupe et continuent de veiller sur lui. De même, il incarne leurs craintes et les maux les plus graves, c’est-à-dire la maladie, et rappelle au Hommes les règles sociales qui permettent d’y échapper.
Il convient de rappeler qu’au cours des siècles, les groupes ‘’Yorubas’’ se sont construits autour de plusieurs divinités, chacune ayant un culte particulier. Ces cultes ont subi des modifications, certains se sont banalisés, d’autres ont pris de l’importance. Au commencement, ‘’Egun’’ Et ‘’Guèlèdè’’ sont deux sociétés propres aux ‘’Yorubas’’ de l’ouest, surtout aux ‘’Nago’’ ayant développé des rituels complexes qui s’expriment pleinement lors des ‘’sorties’’ de ‘’masques’’. Ces sorties sont des cérémonies au cours desquelles, personnages masquées et spectateurs dansent et chantent en une profonde communion.
Organisées en séquences convenues, ces manifestations sont aussi marquées par des interdits destinés à protéger tous les participants. Les masques ‘’Egus’’ et ‘’Gèlèdè’’ très peu connus en Europe font partie des sociétés africaines qui savent s’appuyer sur les traditions pour s’adapter aux évolutions de la vie. Ceci n’est qu’une infirme partie de la richesse culturelle béninoise que même des locaux côtoient très souvent sans trop la connaitre.
Bertin Djitrinou