Au marché international de Dantokpa, comme dans bon nombre de marché de Cotonou et du Bénin en général, ils sont nombreux les enfants qui travaillent dans des conditions très pénibles.
Orphelins et généralement issus d’un univers familial à la condition sociale très précaire, ils sont abusivement exploités par des gens qui les reçoivent, soit dans un but éducatif pour apprendre un métier ou aller à l’école, soit carrément pour un placement-gage pour un ou deux ans de travail ; La vente ambulante de viande de dinde frite ; Le service dans différentes gargotes du marché, la vente à la criée du poisson séché, fumé ou frit, celle de l’eau glacée, pour ne citer que ceux-là.
Ces différentes activités sont nombreuses et foisonnent de plus en plus à cause surtout de l’abondance de cette main d’œuvre très jeune. Au marché international de Dantokpa comme dans de nombreux marchés de la ville de Cotonou et du Bénin, ces enfants travaillent sans repos et sans loisirs.
Rarement scolarisés, ils sont soumis à des surcharges de travaux physiques et souvent victimes de maltraitances.
Une étude de l’UNICEF a révélé que le placement des enfants (courant dans le sud du Bénin) et évoluant dans le secteur des travaux domestiques et du commerce est estimé à des dizaines de milliers de cas dans la région méridionale du Bénin, notamment à Cotonou et Porto-Novo.
Par ailleurs, selon les mêmes données, les filles sont les plus touchées, soit 85% dont 20% auraient moins de 10 ans. Ces enfants d’ethnie Adja, Fon ou Yoruba travaillent sans la moindre rémunération sous le regard parfois indifférent d’une population et d’un Etat qui n’en ont pas cure.
Un tour d’une équipe de la rédaction de CAPP FM dans le marché Dantokpa, au bord de la lagune de Cotonou pendant que le marché commençait à battre son plein, pour s’en rendre compte. La circulation est dense (bousculades, cris intempestifs suivis parfois de quolibets) et le soleil qui semble se lever n’est pas du genre à intimider cette jeune fille de 12 ans qui accepte de se prêter à nos questions.
Après qu’une cliente l’ait aidé à descendre le lourd plateau de marchandise de la tête, la petite Adjokè vêtue d’une petite chemise sans manche et d’un pagne noué autour des reins, nonobstant sa forme chétive nous confie : « je dois braver la foule et le soleil toute la journée pour vendre si non on va me frapper. Cela fait maintenant environ deux ans que je m’adonne à cette activité. Le bagage est lourd, mais je suis déjà habitué ».
Les enfants hors des nouveaux marchés modernes !
La ministre des affaires sociales et de la microfinance, Véronique Tognifodé, présente à la cérémonie d’ouverture du marché de Cadjèhoun, n’a pas manqué d’insister sur la présence des enfants dans le marché. Pour renchérir, la Directrice générale de l’Agence nationale de Gestion des Marchés (AnaGeM), Eunice Loisel Kiniffo a laissé entendre lors d’une sortie médiatique que la présence des enfants n’est pas tolérée dans ces nouveaux marchés sauf si ces derniers sont juste de passage pour voir leurs parents.
Même s’il faut saluer cette approche visant à combattre le travail des enfants, il est aussi important de souligner que généralement, durant la période des vacances, les enfants préfèrent aider les parents et surtout se faire également quelques sous.
Certes, la vie n’est pas si rose à tous les niveaux et la présence d’un enfant au marché, en train d’aider sa maman par exemple, ne devrait pas être toujours perçue comme une exploitation.
En attendant le respect de cette injonction, inscrite dans le règlement intérieur des nouveaux marchés, tout le monde s’en réjouit, de l’ouverture de ces belles infrastructures marchandes, qui font le tour des réseaux sociaux.
Bertin Djitrinou